Médina: Une cité, trois générations et trois visions
«Médina Visions entre Générations», thème de ce rendez-vous pictural concocté par Ajili Houda, Belkhodja, Gharbi Hatem et Mourad Harbaoui en dit long sur les uvres exposées dans les deux étages du Palais Kheireddine. A l’origine de cette exposition, un projet de Mastère international sur la Médina initié par Ajili Houda. En effet, et pour immortaliser la Médina sous ses multiples facettes et à travers toutes les visions des artistes, la jeune dame a décidé ainsi de réunir des peintres présentant les trois tendances picturales.
Les uvres exposées revivifient la Médina d’antan telle que traitée par des artistes renommés de la génération de feu Néjib Belkhodja, dont les uvres sont exposées au premier étage du Palais Kheireddine. D’autres tableaux immortalisent les changements qui ont transformé cette vieille cité, mais aussi sa nouvelle architecture et son évolution. Ajili Houda a voulu, dans ses uvres, immortaliser la nouvelle Médina. La peintre refuse dans ses uvres de tomber dans une tautologie esthétique. Pour elle, les couleurs habituelles et les clichés antiques qu’on donne généralement à la Médina sont souvent inappropriées. L’artiste, tente de colorer la Médina, notamment les portes de ses maisons, ses arcades avec des couleurs chaudes. Et pour être fidèle à cette démarche, Ajili Houda a opté pour la technique de la peinture à l’huile sur toile et la peinture à l’huile sur carton. Plusieurs rues et ruelles tortueuses, arcades et impasses ont été immortalisées avec une vision architecturale moderne dans ses onze uvres qui se révèlent telle une invitation à une ballade au cur de cette vieille cité.
Invité de marque de cette exposition, Mourad Harbaoui, lui, convie le visiteur à une contemplation profonde des couleurs des souks, du vacarme quotidien de ceux qui les fréquentent et les ruelles tortueuses qui traversent ces hauts lieux commerciaux d’antan. Dans cette démarche, l’artiste a opté pour les couleurs ocres pour restituer l’ambiance des souks qui, selon lui, est comme du «miel qui coule dans les impasses». Pour lui donc, il s’agit de créer une harmonie avec ce que les artistes appellent «l’archéologie corporelle» et l’architecture que l’artiste veut «moderne». Il tente ainsi d’immortaliser les impasses peuplées grâce à des compositions mi-abstraites, mi-figuratives. En optant pour la technique de l’huile sur toile, Il joue aussi dans ses uvres sur les couleurs, mais se base, d’autre part, sur la gestualité artistique, les lignes qu’il recompose en formes et en figures. Selon l’artiste, ces uvres constituent aussi une sorte d’hommage à Néjib Belkhodja qui a influencé trois générations de peintres tunisiens.
Dans cette même perspective, Hatem Gharbi a visité dans ses uvres plusieurs facettes de la Médina. Il immortalise à cet effet Souk El Attarine, mais aussi des produits écoulés dans certains souks, comme la tapisserie berbère, la tannerie, les pièces en or, entre autres. Certains des tableaux de cet artiste invitent à une ballade dans le Souk Essakajine, un des lieux commerciaux de la Médina au moment où d’autres embarquent l’amateur de l’art pictural dans l’ambiance de la scène du théâtre, des rendez-vous des fins de journées. C’est donc une atmosphère somme toute particulière, nostalgique et authentique à la fois, à laquelle invite cet artiste à travers ses quatorze uvres.
Ousmane WAGUÉ